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Vallée de la Loue : cap sur la continuité écologique

lundi 29 mai 2017 Rubrique Doubs et vous Sur votre territoire Thème Environnement

Depuis une dizaine d’années, le Syndicat mixte de la Loue, présidé par Maurice Demesmay, poursuit un programme de restauration de la continuité écologique sur son secteur d’intervention, entre Mouthier-Hautepierre et Arc-et-Senans. Selon les situations, il aménage des passes à poissons, réduit les seuils, pratique un arasement complet de barrage. Ce programme, qui arrive à son terme, commence à démontrer son efficacité.

Le contexte

La puissance hydraulique de la Loue est exploitée depuis la nuit des temps : moulins, clouteries, forges ont ponctué la rivière. Si nombre ont disparu, il reste encore de belles bâtisses pour témoigner de ce passé. Le Syndicat mixte de la Loue dénombre une cinquantaine d’ouvrages sur son secteur, une dizaine lui appartient, les autres relevant du secteur privé (EDF notamment). Il s’agit essentiellement de petits ouvrages de 1 à 3 mètres de haut. Une dizaine est encore en activité (dont deux propriétés du Syndicat lui-même).

 

Travaux de la passe à poissons du seuil Gervais à Ornans.


En 2009, le syndicat a étudié leur impact sur le cours d’eau, hiérarchisé les priorités de réaménagement et de suppression…
À la même époque, de nouveaux textes réglementaires ont rendu obligatoire la restauration de la continuité écologique, notamment sur le secteur s’étendant de Rurey et Lizine (confluence du Lison) à Arc-et-Senans. Mais, dans son programme, le Syndicat mixte va au-delà de cette limite géographique. L’objectif est de faciliter le passage des poissons mais aussi des sédiments indispensables à leur mode de vie et de reproduction.
De plus, une mesure de protection de l’Apron du Rhône, un poisson menacé de disparition, a accentué la réglementation sur le secteur entre Chenecey et Arc-et-Senans où cette espèce présente la plus forte concentration française. « Ce qui nous donne une responsabilité supplémentaire », estime Maurice Demesmay.
Plus récemment, la démarche entreprise par le syndicat a été insérée dans la feuille de route de la Conférence de la Loue et rivières comtoises pour l’amélioration de la qualité des eaux.

 

Aménagement de la passe à poissons de Lombard.

Le programme

Pour chaque barrage, une étude de faisabilité est réalisée pour déterminer la meilleure solution :
Soit le barrage n’a plus d’usage et aucune contrainte ne lui est associée : il se prête donc à un arasement ou un abaissement,
Soit il a un usage (hydroélectrique par exemple, ou maintien de la nappe phréatique captée pour l’eau potable) : dans ce cas il se prête à l’aménagement d’une passe à poissons.
Le coût d’une passe à poissons s’élevant à 300 000 € en moyenne (études et acquisitions foncières comprises), le syndicat procède à l’aménagement d’une passe par an en moyenne. Les subventions proviennent de l’Agence de l’eau (50%), du Département (entre 20 et 30% selon les cas), de la Région pour quelques cas (10%). Le solde est couvert par le syndicat qui est lui-même financé par le Département (40% du budget) et l’EPCI (Loue-Lison désormais, pour 60%).
Il reste au syndicat à traiter deux ouvrages complexes, l’un à Rennes-sur-Loue, l’autre à Ornans. D’autres seuils appartenant à des privés doivent faire l’objet de travaux : l’Agence de l’eau propose un bonus financier aux propriétaires qui souhaiteraient confier les études au Syndicat mixte de la Loue, fort de son expérience.

 

Le seuil de Lombard réaménagé.

Les prolongements

Des évaluations ont été effectuées en amont des projets et le seront après réalisation, avec le recul nécessaire. Mais d’ores et déjà, assure Maurice Demesmay, « on a pu constater l’apparition de nouvelles frayères à truites en amont d’un seuil supprimé ».
Une réflexion est engagée sur les affluents de la Loue qui ont un rôle déterminant dans la fraye, car certains sont en mauvais état, canalisés, rectifiés…
« Notre action combinée à l’effort important du Département et de l’Agence de l’eau pour l’aide à la modernisation des stations d’épuration contribue à l’amélioration des eaux de la Loue, conclut Maurice Demesmay, mais c’est une quantité et une diversité d’actions ciblées qui permettront de les restaurer durablement. »