Du bois, Montperreux n’en manque pas, surtout du résineux. Ce qui ne dispense pas la commune de gérer cette ressource avec parcimonie. « Les grumes issues de nos forêts sont valorisées pour correspondre aux attentes des scieurs qui, du coup, nous les achètent un peu plus cher, explique Daniel Capelli. Nous conservons les houppiers considérés comme des déchets qu’un sous-traitant transforme en bois déchiqueté. Les employés municipaux se chargent de le stocker et d’approvisionner nos chaufferies. Nous disposons donc d’une main d’œuvre et d’une ressource naturelle pour relever un défi environnemental. »
En 2005, la commune s’était équipée d’une première chaufferie-bois et d’un réseau de chaleur pour cinq appartements municipaux, puis d’un bâtiment de stockage et séchage du bois largement dimensionné. Une expérience positive qui a nourri son deuxième projet de chaufferie.
En 2012, la création d’une nouvelle salle de classe est en discussion. La commune (800 habitants) ne cesse de croître : 40 nouvelles maisons en 2016 ! Faute d’espace disponible, elle s’oriente vers la construction d’une extension de quatre salles (360 m2 environ), couplée à une salle de convivialité (200 m2 environ) qui lui faisait défaut. Le Département l’accompagne dans la définition du programme.
Très vite, en cohérence avec ses ambitions environnementales, la commune opte pour une construction BBC (Bâtiment basse consommation), dotée d’une excellente isolation, d’une centrale de ventilation double-flux (avec une étanchéité à l’air des parois soignée), d’une nouvelle chaufferie-bois de 90 kW (avec silo de 40 m3). Un réseau de chaleur dessert également l’ancien bâtiment municipal (contigu) abritant les autres classes, la mairie, la bibliothèque. « Rien que pour celui-ci, nous consommions 10 000 litres de fioul par an. Aujourd’hui, nous consommons 300 m3 de bois déchiqueté pour l’ensemble de notre parc en réseau de chaleur. C’est incomparable ! », fait remarquer Daniel Capelli.
La nouvelle école a ouvert en 2015. Le bâtiment à l’architecture audacieuse, entièrement couvert de tavaillons, abrite donc une belle salle de convivialité, d’une capacité de 90 personnes environ, en rez-de-chaussée. Celle-ci est aussi utilisée pour les activités périscolaires le midi.
L’opération globale s’est élevée à 1,4 million d’euros hors taxes, dont 247 500 € pour la seule chaufferie et son réseau de chaleur, équipement pour lequel le Département est intervenu au titre de sa politique "bois-énergie et développement local" inscrite dans son programme C@P25. Sa subvention s’est élevée à 34 210 €, ce qui a réduit le temps de retour sur investissement brut à 18 années*.
« La commune disposait d’une capacité d’autofinancement et elle a pu souscrire des emprunts à un taux d’intérêt bas (1,5%) », précise le maire.
À titre indicatif, la commune est passée d’une consommation de fioul de 12 500 € à 1 200 € par an, à laquelle il faut donc ajouter 3300 € de bois, pour chauffer environ 1 400 m2, ce qui soulage son budget de fonctionnement.
« La prise en compte de la dimension environnementale représente bien entendu un surcoût, admet le maire, mais on ne peut pas voir que l’aspect comptable des choses. Nous contribuons à la protection de notre planète**. En cela, l’opération a une valeur d’exemple auprès de la population : nous montrons comment s’affranchir des énergies fossiles en exploitant une ressource locale. Le chauffage domestique au bois peut être polluant certes, mais des chaufferies automatiques comme les nôtres atteignent une combustion très performante et sont équipées de filtres. Au passage, je précise que nous étudions la possibilité de s’approvisionner, en complément, en sous-produits de feuillus, leur pouvoir calorifique étant supérieur à celui des résineux à volume identique. Nous nous approvisionnerons à proximité, bien entendu, pour limiter le bilan carbone. Par ailleurs, pour améliorer encore la performance énergétique du bâtiment, nous avons installé des capteurs solaires photovoltaïques (30 m2) sur la toiture, l’électricité produite étant revendue à Enedis, ce qui représente un revenu de 2 000 à 3 000€ par an. »
* Aujourd’hui, d’autres sources de financement peuvent être mobilisées rendant très attractives les solutions de chauffage au bois.
** La chaufferie permet à la commune de Montperreux d’éviter l’émission de près de 40 tonnes de CO2 par an.
« Notre réalisation n’est pas transposable partout***, reconnaît Daniel Capelli. Pour un tel fonctionnement en circuit court, il convient de disposer de la ressource en bois, d’un personnel compétent car l’appel à la sous-traitance est coûteux. L’étude de faisabilité est une phase déterminante du projet. »
En tout cas, si c’était à refaire, Daniel Capelli n’hésiterait pas ! Et il se tient à la disposition des élus qui souhaiteraient en savoir plus sur cette action concrète de transition énergétique et visiter le site.
*** Le taux de boisement est de plus de 40% dans le Doubs. Ces ressources forestières appartiennent aux communes pour plus de la moitié. Aussi, ces dernières n’hésitent pas à s’équiper en chaufferies automatiques au bois, la plupart achetant leur combustible bois auprès de fournisseurs spécialisés. En témoigne la centaine de réalisations sous maîtrise d’ouvrage publique présente dans le département.